Depuis dix ans, Aéro Biodiversité révèle une réalité encore méconnue : les aéroports français abritent certains des derniers grands espaces de prairies en France.

Aéroport d’Ajaccio Napoléon Bonaparte ©Aéro Biodiversité
Avec près de 500 km² de prairies et d’espaces verts, ces plateformes constituent de véritables sanctuaires pour la faune et la flore, des zones discrètes, non accessibles au public, mais d’une grande richesse écologique.
10 ANS D’ÉVOLUTION :
DU RISQUE AVIAIRE À LA PRISE DE CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE
Créée en 2015 sous le nom d’Hop ! Biodiversité et soutenue dès ses débuts par la DGAC, l’association Aéro Biodiversité loi 1901 est née d’un objectif opérationnel : améliorer la sécurité aérienne, en comprenant mieux les dynamiques aviaires. Mais les premières campagnes d’inventaires, menées avec l’appui du Muséum national d’Histoire naturelle, ont mis en évidence bien plus que cela.
Les prairies aéroportuaires — parmi les dernières prairies semi-naturelles encore présentes en France et en Europe — se sont révélées être des réservoirs de biodiversité. Sans produits phytosanitaires, peu fréquentées et gérées de manière raisonnée, ces espaces représentent un véritable sanctuaire pour des espèces animales et végétales variées comme les oiseaux, les batraciens, les mammifères, les insectes, les plantes, etc.
Ces nombreuses années d’étude, de préservation et de valorisation de la biodiversité aéroportuaire, positionnent Aéro Biodiversité comme une référence nationale dans ce domaine.
« Depuis 10 ans Aéro Biodiversité unit acteurs de l’aérien, scientifiques et territoires autour d’un même cap : protéger et accroître la biodiversité qui fait la richesse silencieuse de nos aéroports. Une vision durable, utile et résolument humaine. » précise Lionel Guérin, Président de l’association.
LE LABEL AEROBIO :
STRUCTURER ET VALORISER L’ENGAGEMENT DES AEROPORTS
Pour accompagner les aéroports dans leur transition écologique et reconnaître les efforts engagés, Aéro Biodiversité a créé en 2021 un outil unique en France : le label aerobio, dont le processus a été validé par le Bureau Veritas. Celui-ci vise à inscrire sur le long terme les actions et les engagements des aéroports et aérodromes en faveur de la biodiversité.
Ce label, composé de cinq niveaux, évalue les plateformes sur quatre axes clés :
biodiversité, implication du personnel, communication et ancrage territorial. Attribué pour cinq ans, il repose sur un examen rigoureux des actions menées et d’un audit sur site réalisée par des membres du Conseil scientifique.
En 2023, le label a été officiellement intégré à la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030 (SNB3) comme outil majeur de gestion écologique des prairies aéroportuaires. Une reconnaissance qui souligne la valeur du dispositif et en fait désormais un outil incontournable pour les aéroports engagés. La SNB3 inclut par ailleurs une fiche dans le chapitre « prairies » qui mentionne l’activité de l’association et fixe des objectifs à l’horizon 2030.
« Je voudrais souligner l’importance de l’engagement des espaces aéroportuaires en faveur de la biodiversité : ces surfaces de prairies, abusivement considérées jusqu’ici comme des « délaissés », ont révélé être des trésors étonnants d’espaces de vie. Leurs équipes gestionnaires ont su s’emparer de ces qualités pour les faire fructifier, les partager, les promouvoir. Ce sont ces efforts, ces investissements constants, appuyés par les équipes d’Aéro Biodiversité, qui font l’objet d’une reconnaissance scientifique matérialisée par le Label remis par l’association. Ainsi les zones aéroportuaires démontrent leur importante, quoique trop méconnue, contribution à la sauvegarde de la biodiversité sur nos territoires. » François bouvier, Président du comité scientifique d’Aéro Biodiversité.
11 aéroports ont été labellisés à ce jour :
Ajaccio Napoléon Bonaparte, Bastia Poretta, Carcassonne Sud de France, Guadeloupe Maryse Condé, La Môle-Saint-Tropez, Paris Charles de Gaulle, Paris-Orly, Pau-Pyrénées, Perpignan-Risevaltes Méditerranée, Tarbes Lourdes Pyrénées et Tours Val de Loire.
UNE DÉMARCHE SCIENTIFIQUE RIGOUREUSE ET PARTICIPATIVE
Aéro Biodiversité s’appuie sur un Comité scientifique indépendant, composé d’experts reconnus du MNHN, de l’INRAE et d’institutions partenaires. Ses missions : proposer des protocoles, valider les données, garantir la qualité scientifique des études et orienter les bonnes pratiques de gestion écologique.
Sous la présidence de François Bouvier, attaché honoraire au MNHN, ce comité a structuré l’ensemble des méthodes scientifiques utilisées par l’association depuis dix ans.
Sur le terrain, les écologues réalisent des inventaires environnementaux selon des protocoles reconnus de sciences participatives, comme Vigie Nature, EPOC, SPIPOLL etc. Ces outils permettent aussi d’impliquer les personnels aéroportuaires dans une démarche, et de développer une culture commune de préservation de la biodiversité au sein des plateformes.
En dix ans, ce travail a permis de constituer une base de données unique en France : 140 000 données d’observation ont été réalisées à ce jour par l’association sur plus de 4000 espèces végétales, 413 espèces d’oiseaux, et 24 espèces de chauve-souris (sur les 34 existantes en France).
UN NOUVEAU CHAPITRE S’OUVRE POUR AÉRO BIODIVERSITÉ
À l’occasion de ses dix ans, Aéro Biodiversité ouvre une nouvelle phase de son développement scientifique. Le premier septembre dernier, l’association a accueilli Matthieu Galtier au poste de Directeur scientifique, avec pour mission de renforcer la dynamique de recherche en impulsant des projets innovants, d’exploiter pleinement les données collectées depuis une décennie et d’accompagner les aéroports vers des pratiques toujours plus ambitieuses en matière de gestion écologique.
« Mon objectif est d’apporter plus de clarté scientifique aux décisions de terrain. Les aéroports sont des milieux particuliers et généralement inaccessibles : mieux les comprendre, c’est mieux les gérer. » Matthieu Galtier, Directeur scientifique Aéro Biodiversité.

